TEMOIGNAGES. « Il faut aimer donner » : dans le quotidien des aides à domicile, à Montauban
Déjà très demandées auparavant, les aides à domicile sont devenues une perle rare depuis la pandémie. C’est d’ailleurs le profil le plus recherché dans le Tarn-et-Garonne sur la plateforme de Pôle emploi, avec une offre, actuellement, de près de 300 postes.
« Nous cherchons en permanence du monde pour muscler nos équipes. On recherche des aides à domicile, des assistantes de vie, des auxiliaires de vie… Notre association a mis en place plusieurs leviers, mais c’est très difficile. » Gilles Cabot, directeur du Service de maintien à domicile du Tarn-et-Garonne (Smad 82), l’un des principaux acteurs de l’aide à domicile dans le département avec 400 salariés (dont 250 à 280 aides à domicile) et 3 600 familles bénéficiaires, ne mâche pas ses mots dans son bureau de Montauban. « Les personnes âgées dépendantes ont besoin de nous », ajoute-t-il.
Alors que la première Journée nationale des aides à domicile se déroulera ce vendredi 17 mars, deux professionnelles du Smad 82 ont accepté de nous raconter leur quotidien. Selon elles, il s’agit d’un métier en plein développement, offrant, désormais, de réelles opportunités d’évolution.
Levers, petits-déjeuners, l’entretien du domicile…
Annette Canne a consacré sa vie aux autres. Embauchée au sein du Smad en 1983, cette femme de 60 ans n’aurait échangé pour rien au monde son métier depuis quarante ans. Elle a commencé sa carrière comme femme de ménage et termine comme auxiliaire de vie. « J’aime ce travail. Même quand je vais être entièrement à la retraite, je vais continuer une petite activité dans ce domaine. Au fil des ans, le métier a beaucoup évolué. À mes débuts, on ne faisait quasiment que du ménage ou des courses. Aujourd’hui, ça devient beaucoup plus intéressant, plus épanouissant. »
Les qualités pour exercer ce métier réputé difficile ? « C’est un métier de l’humain, où il faut aimer les gens. Si on n’aime pas le contact, si on n’a pas envie de parler, ça ne marche pas. Il faut toujours avoir un petit mot, apprendre à connaître leur vécu. Il faut aimer donner et savoir recevoir. Surtout, il faut toujours arriver avec sa bonne humeur, ils en ont besoin », insiste la sexagénaire.
De son côté, Jennifer Prat est bien plus jeune. La trentenaire a trouvé sa voie dans les rangs du Smad, voilà trois ans. Pas de regret, pas question, pour elle non plus, de faire marche arrière.
Au cours d’une journée type, Jennifer se rend chez cinq bénéficiaires, chez qui elle va passer entre une demi-heure et trois heures, selon les prestations. Il y a les levers, les petits-déjeuners, le repas de midi, l’accompagnement des personnes l’après-midi, l’entretien du domicile… Et le soir, selon le planning, elle peut recommencer avec les repas et le coucher.
Et des fous rires !
L’aide à domicile prend conscience du drame silencieux que représente parfois le grand âge, et que beaucoup préfèrent ne pas voir. L’isolement et la solitude de nombreuses personnes en perte d’autonomie, « qui passent la journée à attendre seules dans leur lit, depuis cinq, huit, dix ans, dépeint-elle. À part nous, personne ne pousse jamais la porte. C’est dans ces moments-là que l’on voit que nous sommes, nous les aides à domicile, indispensables. »
Tout n’est pas triste non plus dans le quotidien de ces professionnelles, loin de là. Annette pense notamment aux fous rires partagés avec de petites mamies de 90ans. Elles nous donnent du punch pour continuer. Elles sont coquettes. Elles aiment la vie. »
Thierry Dupuy – La Dépêche du Midi du 14 mars 2023